top of page
maxnewsfrfive674205-66686b7a64a8f888683849.jpg

députée, j'ai crié, et j'ai eu raison de le faire.

  • leabalage
  • 25 nov.
  • 3 min de lecture

Il y a quelques jours, j’ai publié une vidéo où je crie sur le Rassemblement national, où je les nomme pour ce qu’ils sont : des racistes.


Cette colère-là, brute, sincère, m’a valu deux choses à la fois : de l’inconfort et du soulagement. De l’inconfort chez celles et ceux qui pensent que la politique doit se faire avec des sourires feutrés, des colères rentrées et des mots polis,  même face à l’extrême droite.


Et du soulagement chez beaucoup d’autres, qui m’ont écrit pour me dire : « Enfin. Enfin quelqu’un dit tout haut ce que nous vivons. Enfin quelqu’un ne fait pas semblant. »J’ai vu à quel point la colère dérange, mais aussi à quel point elle libère.


Comment elle fait peur à celles et ceux que rien ne menace, et comment elle réconforte celles et ceux qui ne peuvent plus se permettre le luxe du silence.

Alors j’ai voulu écrire ceci : sur le droit d’être en colère, sur la force qu’elle porte, sur son histoire, sur ce qu’elle dit des femmes, et sur la manière dont, parfois, la colère n’est pas un dérapage mais une nécessité morale.


Il y a des jours où l’on voudrait être calme.


Se couler dans cette image parfaite du responsable politique immobile, à la voix posée, au sourire poli.


Cette silhouette qu’on applaudit quand elle ne dérange rien.


Mais le monde, lui, ne se tient pas tranquille. Le monde déborde.


Il déborde dans les salles d’attente des hôpitaux, dans les cantines scolaires qui manquent de personnel, dans les petites lignes ferroviaires qui se meurent, dans les territoires qui s’assèchent ou s’enflamment.


Il déborde dans la fatigue des gens, dans la lassitude de devoir toujours faire plus avec moins.


Il déborde, et il faudrait pourtant se taire ?


Ceux qui nous demandent d’être sages sont souvent ceux que rien ne menace.

Pour eux, le silence est confortable : il a la douceur d’un coussin moelleux, le parfum discret des privilèges.


Le calme est une posture facile quand on traverse la vie sans heurt, sans craindre les décisions qui tombent, sans que les lois n’entament jamais la possibilité de vivre.


Mais pour d’autres, pour tant de femmes et d’hommes, le calme est un luxe.


Et se taire, un danger.


La colère n’est pas un incendie qui ravage tout. C’est un battement.


Un souffle qui rétablit la juste pression du monde.


La colère, c’est ce moment où la poitrine se serre face à l’injustice, où l’on sent qu’on ne peut plus reculer, où l’on comprend que se taire serait trahir quelque chose de profond, trahir celles et ceux qui n’ont plus la force de parler, trahir son propre sens du juste.


Elle n’est pas destructrice. Elle est vivante. Elle est ce qui nous rattache à la possibilité d’un avenir différent.


Les femmes ont appris à cacher leur colère très tôt.


On leur a appris à sourire quand quelque chose brûle en elles. À adoucir la voix. À resserrer les mâchoires. À faire semblant que rien ne dépasse. La société tolère la colère des hommes comme un geste d’autorité. Mais la colère des femmes ? Elle dérange.


Parce qu’elle dit la vérité nue : celle d’un monde construit contre elles, parfois sur elles.

La colère des femmes, c’est Olympe de Gouges écrivant qu’une femme naît libre, sous une monarchie qui ne voulait pas l’entendre.


C’est la silhouette de Rosa Parks immobile, refusant qu’on la déplace comme un meuble.

C’est le ventre noué des 343 signataires qui disent : « Nous avortons, nous en avons assez du silence qui tue. »


C’est celle des mères seules qui comptent les centimes, des soignantes qui courent, des professeures qui pétillent d’épuisement, des jeunes filles qui vivent encore dans leurs chairs le patriarcat. La colère des femmes est une mer profonde, patiente et insistante. Elle revient toujours, avec les vagues.


Rien d’essentiel ne s’est fait dans le calme. Pas la République. Pas les congés payés. Pas le droit de vote des femmes.


Pas la Sécurité sociale. Pas l’accord de Paris sur le climat.


Ce ne sont pas les voix basses qui changent le monde.


Ce sont les voix justes.


La colère n’est pas le contraire de la paix.

Elle en est souvent l’origine.

 
 
bottom of page